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Inflation : prise de conscience de la planification familiale en Afrique

Après deux ans d’une pandémie qui a bousculé les chaînes d’approvisionnement mondiales, l’invasion de la Russie en Ukraine est venue s’ajouter et a provoqué un ralentissement généralisé des activités économiques. L’Afrique n’en demeure pas du reste. Face à la flambée des prix sur le marché, les africains, reconnus dans le monde pour leur excès de fertilité s’interrogent sur l’importance de la planification familiale.

Une jeune maman africaine avec ses deux enfants. Crédit : Michel Ferrari via Pexels

Selon la Banque Centrale Européenne, dans une économie de marché, les prix des biens et des services varient. Certains augmentent, d’autres diminuent. On parle d’inflation lorsque les prix augmentent globalement, et non uniquement les prix de quelques biens et services. Quand tel est le cas, avec le temps, chaque euro permet d’acheter moins de produits. Autrement dit, l’inflation érode progressivement la valeur de la monnaie.

En Afrique où 123 millions de personnes sont déjà en situation d’insécurité alimentaire grave, l’inflation est venue mettre en lumière la plus forte dépendance des pays africains aux importations. Sur le seul blé, ils dépendent à 32% des importations en provenance de la Russie et à 12% d’Ukraine. En plus des conséquences de l’invasion de la Russie en Ukraine s’ajoutent les chocs climatiques notamment les sécheresses, les prix extrêmes qui ont drastiquement amputés les récoltes etc.

À LIRE : Inflation : les pays africains où le coût de la vie est le plus élevé – Jeune Afrique

Prise de conscience automatique chez certains africains

Les africains, connus dans le monde pour leur excès de fertilité, face aux flambées des prix, aux coûts de la vie élevés, commencent à s’interroger sur la situation. Peut-on dire qu’en plus des conséquences de cette inflation mondiale, l’on peut noter des avantages notamment sur la planification familiale en Afrique ?

En tant qu’africain et ayant grandi dans une vaste famille polygame, j’ai vu mon père souffrir pour nourrir ses enfants, réfléchir et parfois se poser pleins de questions. Cette expérience m’a poussé depuis ma tendre enfance à prendre certaines décisions personnelles, notamment avoir une seule femme et limiter le nombre de mes enfants à maximum quatre. Mais, comme on a tendance à le dire en Afrique, “L’on propose et Dieu dispose”. J’espère qu’il réalisera mes vœux.

Une jeune famille. Crédit: Karl Rayson, via Pexels

Quelques petits tours dans mon quartier m’ont permis de savoir que l’inflation mondiale actuelle a eu un impact sur les comportements des africains. Mais celui qui retient particulièrement mon attention est celui lié à la fertilité.

La plupart des frères rencontrés estiment que la vie devient de plus en plus chère, à tel point qu’il parait nécessaire de vivre avec une seule femme et peu d’enfants pour mieux s’en occuper et les éduquer. Même les musulmans, qui ont l’obligation d’en prendre quatre, selon le Coran, commencent à prendre conscience de la situation.

Cependant, cette prise de conscience n’est pas globale, elle ne concerne que les personnes instruites. Dans les villages où la majorité de la population est analphabète, les campagnes de sensibilisation doivent être accentuées par certaines organisations pour les conscientiser sur la situation et espérer pour eux une vie meilleure.


Tourisme : six sites touristiques à découvrir absolument lors de votre séjour au Burkina Faso

Le Burkina Faso, littéralement appelé “patrie des Hommes intègres », est un pays d’Afrique de l’ouest sans accès à la mer. Si le pays traverse des moments difficiles du fait du terrorisme, ce beau pays sahélien présente toujours certaines merveilles touristiques.

Si vous voulez visiter ce magnifique pays d’Afrique de l’Ouest, n’hésitez plus. Quelques précautions restent à prendre lors de votre passage : éviter les lieux publics très fréquentés, se tenir à l’écart des rassemblements, préférer les endroits publics sécurisés, se tenir informé de l’actualité du pays…

Pays d’art et du cinéma, plusieurs merveilles restent à découvrir dans ce pays. Cap sur six sites touristiques à absolument visiter lors de votre séjour au pays de Thomas Sankara.

Sculpture sur Granit de Laongo

Sculpture sur granit de Laongo, Burkina Faso. Crédit : Neomezz/Flickr

Les experts et passionnés de la sculpture seront intéressés et tenteront une visite sûrement. Situé à quelques kilomètres de la ville de Ouagadougou sur la route de Fada N’Gourma, le site de Laongo est célèbre depuis 1989 pour accueillir tous les deux ans en général un symposium de sculpture. Sur ce site, les œuvres d’une soixantaine d’artistes venant des cinq continents sont disséminés pour en faire un immense musée en plein air. Les sculptures sont tantôt anthropomorphes, tantôt zoomorphes, parfois figuratives et parfois abstraites.

Vous vous demandez sûrement c’est quoi une sculpture anthropomorphe, zoomorphe, figurative et abstraite. Explications !

Une sculpture anthropomorphe est tout simplement une sculpture à la forme ou l’apparence d’un être humain contrairement à la sculpture zoomorphe qui prend l’apparence d’un animal. Quant aux sculptures figuratives et abstraites, la première est une sculpture représentée sous forme de symbole ou de plan et la deuxième est le contraire de la première. Elle est non-objective, non figurative.

Ruine de Loropéni

Loropéni – Pays Lobi – Burkina Faso. Crédit: Rita Willaert/Flickr

Ce premier site burkinabé est bardé de hauts murs et s’étend sur 11 130 m2. C’est la mieux préservée des dix forteresses que compte la région du Lobi. Il s’inscrit aussi dans un ensemble plus large qui compte une centaine d’enceintes en pierre, reflétant la puissance du commerce transsaharien de l’or. Vieilles d’au moins mille ans selon des découvertes récentes, ces ruines sont situées près des frontières du Togo et du Ghana. L’emplacement a été occupé par les Lohron ou les Koulango qui contrôlaient l’extraction et la transformation de l’or dans la région à l’apogée de cette exploitation aurifère (XIVème au XVIIème siècle). Beaucoup de mystère entoure ce site dont une large part n’a pas encore été fouillée. Au cours de sa longue histoire, Loropéni semble avoir été abandonné à plusieurs reprises. L’abandon définitif est intervenu entre le début et le milieu du XIXème siècle. Ce site promet encore beaucoup d’informations.

Les cascades de Banfora

Situées à environ 12 km au nord-ouest de Banfora, elles tiennent leur nom de la commune de Karfiguéla. Elles constituent l’un des sites touristiques les plus importants au Burkina Faso. La région des Cascades tire son nom de ces chutes d’eau.

Banfora, ville frontalière de la Côte d’Ivoire dispose d’un climat doux et d’une végétation comparable à celle des pays côtiers permettant de le nommer, sans en abuser, la Côte d’Azur du Burkina. Au sommet d’une colline se laissent admirer les fameuses cascades qui font la fierté de tout Banfora.

Les cascades de Karfiguéla ou cascades de Banfora sont une série de cascades le long du fleuve Comoé au sud-ouest du Burkina Faso. Elles sont situées à environ 12 kilomètres au nord-ouest de Banfora et constituent l’un des sites touristiques les plus importants au Burkina Faso. La région des Cascades tire son nom de ces cascades. Dans la chaleur de ce mois de mai, entendre le son de l’eau qui coule au loin est en soi une délivrance. Une dizaine de baignoires naturelles et de bains à remous remplis d’une eau limpide et glacée vous y attendent.

Les dômes de Fabedougou

Les Dômes de Fabedougou au Burkina Faso. Crédit: Rita Willaert/Flickr

Ces dômes sont situés à 15 kilomètres de Banfora dans le département de Bérégadougou. Le site est difficile d’accès. C’est un ensemble de falaises de grès. Ce relief a été taillé par la nature en forme de cases aux toits de chaume et sont visités toute l’année.

Les dômes de Fabédougou sont de véritables édifices de plusieurs mètres de haut construits par la nature. Situés à une quinzaine de kilomètres de la ville de Banfora, les dômes de Fabédougou se laissent grimper avec plaisir. Au sommet de ces dômes de Fabédougou s’offrent une vue panoramique des champs de canne à sucre et l’abondante végétation présente dans cette partie du Burkina Faso.

Pour aller sur les dômes il est nécessaire de porter des paires de chaussures adaptées au terrain, être en tenue de sport de préférence afin de faciliter les mouvements de grimpée des dômes.

La grande mosquée de Bobo-Dioulasso

Grande mosquée de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Crédit: Maarten van der Ben/Flikr

La mosquée qui porte le nom du quartier Dioulasso-bâ, a été construite vers 1880 par l’imam Sidiki Sanou, Samory Touré y aurait prié lors de son passage à Bobo-Dioulasso avant de poursuivre son combat contre les colons.

Le ministère de la Culture et du Tourisme sur la directive de l’ancien ministre Tahirou Barry a procédé à sa réhabilitation grâce à une souscription volontaire.

Mémorial Thomas Sankara

Le mémorial Thomas Sankara est un projet porté par un groupe d’acteurs composés de cinéastes, d’artistes, de journalistes, des compagnons de la lutte de la révolution d’août 1983. D’Afrique en Europe jusqu’aux États-Unis, plusieurs collectes et levées de fonds ont été initiées pour construire le monument sur le site du Conseil de l’Entente. Le montant du projet de construction a coûté quelques millions de dollars. Il est devenu un site touristique et de pèlerinage à Ouagadougou au Burkina Faso. Il est bâti sur le lieu symbolique du Conseil de l’Entente où a lieu l’assassinat de Thomas Sankara. Le mémorial a été construit en 2019. La statue géante du père de la révolution Burkinabè a connu une correction avant d’être ouverte officiellement en 2020.


Tchad : les matchs de la Coupe du monde pour redonner de la joie et du sourire aux sinistrés des sites de Toukra et Milezi

Dans le but de redonner de la joie et du sourire aux sinistrés des sites de Toukra et Milezi, certaines organisations des Nations Unies (UNFPA, PNUD, UNESCO, UNHCR etc.) en partenariat avec le Gouvernement tchadien projettent des matchs de la Coupe du monde Qatar 2022 pour galvaniser les jeunes sinistrés amoureux du football.

Les jeunes sinistrés amoureux du football en train de savourer le premier match opposant le Qatar pays organisateur à l’Equateur. Crédit Photo: Amina Priscille Longoh.

Depuis le 8 septembre, des pluies diluviennes se sont abattues dans le sud du pays, entraînant le débordement des fleuves Chari et Logone (qui se rejoignent dans la capitale N’Djamena) résultant au déplacement de 129 464 personnes (21 462 ménages) qui se sont réfugiées chez des proches ou dans des espaces collectifs tels que les écoles ou les espaces extérieurs de N’Djamena. Les inondations sont consécutives à la fois aux précipitations abondantes qui sont enregistrées à travers le pays, et au débordement des cours d’eau et/ou à la rupture de digues.

Les sites identifiés pour abriter les sinistrés

Au total quinze (15) sites ont été identifiés à N’Djamena pour abriter les sinistrés : Toukra1, Toukra2, Milezi, Miskeni, Koundoul, Koundoul2, Kabé, Pont N’Guéli, Walia Eglise, Karkandjérié, Walia Lycée, Walia Hadjarai, Mandjafa Maradrote et Siguetai.

Niveau d’eau du Chari et du Logone

Le niveau d’eau du Chari a légèrement baissé à N’Djamena avec une hauteur de 8,00 mètres au 05 novembre 2022. 20% des fonds requis pour une réponse multisectorielle appropriée ont été reçus et engagés. Le Gouvernement a fait une requête de financement d’un montant de 5 millions USD auprès de la Banque mondiale pour la réponse aux inondations au titre de la fenêtre de réponse immédiate.

Lire aussi: Tchad : Situation des inondations à N’Djamena – Rapport de situation no 04 (06/11/2022)

La ministre du Genre et de la Solidarité Nationale en compagnie de quelques sinistrés. Crédit: Amina Priscille Longoh.

Face à cette situation difficile et préoccupante, certaines Agences des Nations Unies qui viennent régulièrement en aide aux victimes des inondations, ont décidé de faire parler leurs cœurs footballistiques pour redonner du sourire et de la joie aux amoureux du football. La cérémonie de lancement de la projection des matchs de la coupe du monde édition 2022 qui se déroule au Qatar s’est tenue en présence de la Ministre du Genre et de la Solidarité Nationale du Tchad.

Pour la ministre du Genre Mme Amina Priscille Longoh, il parait nécessaire de réunir ce monde peu importe la précarité dans laquelle ils trouvent pour leur permettre de vivre les moments forts de la coupe du monde.

« Dans notre vision d’inclusion et surtout avec pour objectif de ne laisser personne de côté, nous avons voulu leur permettre d’avoir ce moment très particulier. Vous savez, le football c’est le brassage, l’unité, la cohésion et naturellement en tant que gouvernement d’union nationale, soutenu par nos partenaires, nous nous sommes dit qu’il était important de réunir ce monde, leur permettre de vivre les moments forts de la coupe du monde peu importe la précarité dans laquelle ces personnes se trouvent », a laissé entendre la Ministre du Genre et de la Solidarité Nationale.

Le Représentant des Nations Unies quant à lui se dit fier de partager cette joie avec les sinistrés. « En tant que Nations Unies au côté du Gouvernement tchadien, nous avons voulu partager cette joie avec nos frères, nos sœurs, nos enfants qui sont sinistrés du fait des inondations », a affirmé le Représentant des Nations Unies au Tchad.

Ce geste humanitaire à permis aux sinistrés de savourer leur joie autour du football. Un des sinistrés se dit ravi et fier. « Aujourd’hui, c’est la coupe du monde. Grace aux ONG, grâce au gouvernement qui a pensé à nous les sinistrés aujourd’hui, nous avons qu’à même eu la chance de voir le football mondial. Sincèrement, nous sommes très contents du geste. Nous appelons le gouvernement à continuer dans le même sens pour nous permettre de ne pas quitter le site vers d’autres. Cela nous permettra d’éduquer nos enfants et les maintenir sur place », laissé entendre un des sinistrés.

Comme quoi le football peut rassembler, unir, donner de la joie et du sourire.


Repressions sanglantes au Tchad : doit-on sensibiliser les Forces de l’ordre et de sécurité sur la notion du patriotisme ?

Depuis la mort du maréchal Idriss Deby Itno, les manifestations ne cessent de s’accentuer au Tchad. Les dernières en date sont celles du jeudi  20 octobre 202 qui a été réprimées par les Forces de l’ordre et de sécurité du Tchad et occasionné une cinquantaine de mort, des centaines de blessés et des milliers de portées disparus selon le bilan officiel du gouvernement tchadien. Plusieurs opposants tchadiens notamment celui du Parti Les Transformateurs Succès Masra annonce un bilan plus lourd que celui annoncé par le gouvernement. Cette situation pousse à réfléchir et à se demander s’il faut sensibiliser les Forces de l’ordre tchadien qui sont à 40 ou 50% analphabètes sur la notion du patriotisme ?

Les Forces de l’ordre du Tchad en pole position pour réprimer les manifestants. Crédit: Info du Tchad

Rappel contextuel du jeudi noir tchadien

Plusieurs tchadiens à majorité jeunes ont répondu présent à l’appel de certains partis politiques et sociétés civiles à manifester leur mécontentement sur les conclusions du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) organisé par le Comité militaire de Transition (CMT) avec à sa tête le General Mahamat Idriss Deby. Les conclusions de ce fameux dialogue qualifié par certains opposants qui ont refusé de participé comme un « monologue », a accordé presque tout le pouvoir à l’actuel président de Transition. Ces manifestants contestaient spécifiquement le maintien au pouvoir du président Mahamat Idriss Deby. Les manifestations qui se sont déroulées dans plusieurs villes du pays, notamment à N’Djamena la capitale et à Moundou (Sud), la deuxième ville du pays ont fait « une cinquantaine » de mort et « plus de 300 » blessés, selon le Premier ministre Saleh Kebzabo qui a décrété un couvre-feu de « 18h à 6h du matin » à N’Djamena et à Moundou et dans deux autres villes jusqu’au « rétablissement total de l’ordre ».

L’une des images des manifestations du 20 octobre 2022. Crédit: Info du Tchad

Pour l’opposition tchadienne, les chiffres avancés par le premier ministre tchadien sont complément faux. Le bilan est beaucoup plus sanglant. Selon l’opposant tchadien Succès Masra, il y a eu « plus de 200 personnes tuées », « des milliers de blessés » et « plusieurs personnes déportées » dans une prison de haute sécurité à Korotoro au nord du Tchad.

Aujourd’hui on note une petite accalmie mais les militaires tchadiens continuent toujours de traquer dans certains quartiers de la ville de N’Djamena.

En ma qualité de blogueur et agent C4D, j’ai pris un petit temps de recule et après analyse profonde, je me suis dit « qu’il faut nécessairement changer la mentalité de nos Forces de défense et de sécurité » qui ne cessent de réprimer les manifestants et s’aligner du côté d’un clan et surtout la famille Itno.

La nécessité de sensibiliser les Forces de défense et de sécurité

Après analyse profonde, j’ai compris que les Forces de défense et de sécurité au Tchad ont un problème sérieux « le manque de patriotisme ». Comment comprendre qu’une armée sensée protéger son peuple réprime sans pitié ce dernier qui a mains nues manifeste pour demander la bonne gouvernance, l’égalité et la justice qui est considérée comme une colonne vertébrale d’un pays ? Ces Forces de l’ordre doivent changer de mentalité, avoir un sens profond du patriotisme et s’aligner au côté du peuple et non servir les oppresseurs qui ont maintenu pendant plus de trois décennies un peuple en otage.

Certaines organisations de défense de droit de l’homme doivent prendre ce problème à bras le corps et mettre en place des stratégies de communication adéquate pour amener ces forces de l’ordre à un changement de mentalité.


Burkina Faso : quand les putschs à répétition chamboulent le calendrier du grand Salon international de l’artisanat de Ouagadougou

Le Burkina Faso, « patrie des intègres », a connu ces derniers temps des coups d’Etat à répétition. Ces évènements tragiques ont contraint certains organisateurs à annuler plusieurs de leurs évènements. C’est le cas de la 16eme Edition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), qui normalement devrait se tenir du 28 octobre au 6 novembre 2022 et s’est vue reportée à une date ultérieure.

Stan du Niger lors d’une des éditions du SIAO à Ouagadougou. Crédit: Sharest interest/Flikr

Après avoir renversé le président élu démocratiquement par le peuple Roch Marc Christian Kaboré, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a été à son tour renversé par un jeune Capitaine poussé par le peuple en la personne d’Ibrahim Traoré le 30 septembre dernier. Ce passage en force a une fois de plus chamboulé le programme de plusieurs évènements et la fermeture de certaines institutions, notamment l’Institut français de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso et l’Ambassade de France au Burkina Faso.

Un grand évènement d’envergure internationale a également été annulé. Il s’agit du grand Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO).

Le SIAO, qu’est-ce que c’est ?

L’idée de création du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO) est née de la volonté des autorités politiques Burkinabées, qui se sont rendu compte que l’artisanat contribuait fortement à la croissance des économies africaines, au même titre que l’agriculture. Débuté par une exposition-vente des produits artisanaux en 1984, le Salon a été institué en 1990 avec la participation d’une trentaine de pays africains. Depuis doté d’une structure administrative, le SIAO est une manifestation fortement sollicitée par les Etats africains.

Organisé tous les deux ans, ce salon est un cadre idéal pour les artisans africains qui commercialisent leurs produits sur les marchés nationaux et internationaux. En plus de l’organisation de la biennale de l’artisanat africain, le SIAO encourage et facilite la tenue de manifestations artistiques, culturelles et commerciales sur son site. En outre, il dispose d’un réseau de compétences, d’une grande expertise en audit, conseil et en formation dans le domaine de l’artisanat. Aussi, le SIAO mène des activités de prestations de services dont la location de pavillon et de matériels d’exposition.

Au-delà du traditionnel marché artisanal, le SIAO est un lieu de rencontres, d’échanges pour tous les professionnels de l’art africain : art, design, art de la table, mode, décoration, ameublement… Chaque édition, le SIAO crée des allées thématiques dans le hall climatisé pour réunir l’excellence et explorer les richesses de l’artisanat du continent africain.

S’informer, échanger, se former autour du thème de l’édition

Lieu d’échanges et de rencontres, le SIAO étend son offre de conférences et d’ateliers de formation, le complément indispensable à l’exposition-vente. En effet, le SIAO met à la disposition des visiteurs et des exposants un programme très complet de conférences autour du thème de l’édition. Une série d’ateliers sur les problématiques liés à la production et à la promotion à l’extérieur est proposée par des Centres spécialisés.

Invités d’honneur à chaque édition, une délégation d’artisans et d’officiels d’un pays partage avec ses homologues africains sa passion de l’artisanat, ses inquiétudes quant à la production et à la commercialisation des produits.

Les  « Plus » du SIAO

La créativité récompensée. Au Pavillon de la Créativité, retrouvez les meilleurs produits de chaque édition. Un jury composé d’experts et de professionnels de renommée internationale sélectionne dans tous les espaces d’exposition-vente de l’événement des produits artisanaux de grande qualité, commercialisables à l’exportation.

Espérons vivement qu’une nouvelle date sera communiquée bientôt pour le bonheur des amoureux de l’artisanat.


Obtenir un stage en Afrique, un parcours du combattant

Le stage est un passage obligé pour tout étudiant. Il est impératif dans la majorité des cursus. Cependant le trouver est devenu presque difficile que de trouver un travail. Trouver un stage en Afrique, un vrai parcours du combattant.

Des étudiants faisant la queue, en quête du stage. Crédit photo: LeFaso.net

En Afrique, pour décrocher un stage, il faut se lever tôt le matin. Il ne suffit pas de valider avec brio son année académique ou être major de sa promotion pour espérer avoir une place de stagiaire dans une entreprise ou un chantier. Mais comme le dit un journaliste chroniqueur burkinabè, « il faut harceler l’oncle ou le cousin bien placé, le gentil ami du père ou le vilain amant de la charmante tante », comme le dit Mawndoé, célèbre artiste musicien tchadien, « on conjugue en fils de, en fille de, en famille de… »

Etant sur le « marché du stage » pour ne pas dire de l’ « emploi », le stagiaire doit faire preuve de talents cachés visibles à l’œil nu qui dénude. Car en Afrique, le stage est considéré comme un championnat de Ligue 1 français dans lequel tous les coups sont permis et à coup sûr donner c’est recevoir. Pour avoir un stage, le candidat doit nécessairement présenter les gages de générosité. Et une fois le stage obtenu, il faut savoir jouer la carte de l’humilité jusqu’à la fin.

LES GALERES DU STAGIAIRE EN AFRIQUE

Les galères du stagiaire en Afrique sont énormes. Récemment un journaliste des Editions Sidwaya au Burkina Faso a rédigé une chronique ou il les a tous étalés de longue en large. Pour lui, être stagiaire en Afrique : « c’est  savoir courir ouvrir la portière et prendre le sac, il faut savoir faire la petite vaisselle, faire le café, aller chercher à manger, aller chercher les enfants du maître de stage. Bref, il faut accepter tout faire même aller au-delà des termes du contrat de stage. Entre les avances secrètes de DG, les yeux doux craquants de DAF et les intentions de consommation du chef de chantier, il faut savoir dire oui sans tout à fait accepter et dire non sans totalement refuser. »

Il continue sa chronique en disant ceci : « même les « petits » agents et les ouvriers audacieux promettront à la féline stagiaire le ciel en ayant les pieds sur terre. Il faudra éviter d’avoir trop de proximité avec le maître de stage. Parce qu’on peut passer par l’amusement pour jouer sérieusement. Et il faut éviter de se familiariser avec les fauteuils douillets du chef au point de s’y aventurer aux heures de pause ; le diable aussi s’y repose aux heures de la tentation, on ne sait jamais ! »

Entre stagiaire garçon ou homme et la stagiaire fille ou femme, le genre n’est toujours pas respecté.

STAGIAIRE GARÇON OU HOMME

Le stagiaire garçon ou homme en Afrique est traité sans complaisance et parfois avec indifférence. Le garçon est laissé à son triste sort, il doit se débrouiller lui-même et personne ne l’aidera à rédiger son rapport de fin de stage. Mais ne vous inquiétez pas, c’est cela même « l’esprit » du genre : contenter le féminin et négliger le masculin.

STAGIAIRE FILLE OU FEMME

Par contre, la stagiaire fille ou femme en Afrique est traité avec douceur. On l’aidera à rédiger tout son rapport de stage et en contrepartie des résultats attendus « le sexe » excusé mon côté cru. Il faut reconnaitre que certaines stagiaires filles ou femmes qui savent ce qu’elles veulent et ce qu’elles cherchent ne se laissent pas piétiner alors s’en suit les conséquences. Par contre celles qui sont soumissent auront droit à des pourboires, même à des bons de carburants et mieux à des enveloppes de liasses, parce que la femme est une « espèce rare » à protéger.

A LA FIN DU STAGE

Après le stage, il y’en a qui repartent comme ils sont venus. Ils ont appris à tout faire sauf ceux pourquoi ils sont venus. Si on doit faire un récapitulatif, le stage n’a servi qu’à lire les journaux, profiter du wifi haut débit, à prendre des selfies et les balancer sur les réseaux sociaux, faire du porte à porte pour colporter les ragots même à se permettre des scènes de jalousie avec la convoitée secrétaire en lice.

Le stage est un passage obligatoire et important pour chaque étudiant à la fin de son cursus. Il faut mettre un accent particulier sur ce dernier, lui faire faire ce dont il est venu apprendre et non le traiter comme un(e) domestique.


Parenté à plaisanterie, un facteur de paix et de cohésion sociale en Afrique de l’ouest

La parenté à plaisanterie est une coutume ancestrale très présente en Afrique de l’ouest. Il s’agit d’une tradition orale dont le but est de désamorcer les tensions entre ethnies et clans familiaux, elle prend la forme d’affrontements verbaux mais reste toujours sans conséquence. Dans ce billet, je vais particulièrement évoquer le cas du Burkina Faso où la parenté à plaisanterie est très ancrée dans leur coutume.

Le Burkina Faso, un terrain de jeu pour la parenté à plaisanterie

Le Burkina Faso, pays sahélien de l’Afrique de l’ouest, compte une soixantaine d’ethnies et la parenté à plaisanterie une pratique légendaire est très ancrée dans leur coutume. Cette pratique se décline entre membre d’ethnie, entre patronyme mais aussi entre territoire tel que les régions, les provinces ou encore les villages. Elle permet au Burkina Faso d’apaiser efficacement des tensions sociales.

Faut-il mettre des limites à la parenté à plaisanterie? Crédit: AIB

Les types de parenté à plaisanterie

Parmi les parentés à plaisanteries, les plus pratiquées au quotidien sont celles qui lient les Bobo et les Peuls, les Bissa au Gourounsi ou encore les Samo et les Mossi, les Yadga aux Gourmantché. Ces dialogues moqueurs dont les relations font appel à des caractères spécifiques de ces ethnies souvent liée aux habitudes alimentaires, ou encore à leur mode de vie.

Carte de la répartition des groupes au Burkina Faso. Crédit: Nouvelle Afrique

Dans les maquis ou les Grains à Ouagadougou, les burkinabè prennent le plaisir à se lancer des piques. Un dimanche après-midi dans un maquis de Wayalguin, un des quartiers de Ouagadougou, la bière locale mousse dans les verres du restaurant sur fond d’odeur des brochettes grillées. Sous l’œil amusé du serveur, le ton monte entre deux clients. « Toi le Yadga mangeur de riz, tu es mon esclave! », invective le premier avant de s’entendre rétorquer un définitif:  » Et vous les Gourmantché avec votre sorcellerie, vous n’êtes que des escrocs ».

Au Burkina Faso, que ce soit entre amis, dans la rue, au travail et même jusque dans les couloirs de conférences officielles, on n’hésite pas à s’envoyer des piques, parfois très acérés, déclenchant des scènes souvent cocasses. On aime à raconter que, lors d’un sommet de haut rang, le président rwandais s’était étonné de voir le maître de cérémonie chambrer son homologue Blaise Compaoré. « C’est un Samo, il peut même m’enlever mes chaussures s’il le souhaite ! », lui aurait rétorqué l’ancien dirigeant burkinabé, en riant. Plus qu’un simple jeu, le rakiiré, art de la rhétorique et de la dérision, est considéré par les universitaires comme un outil de décrispation et de cohésion sociale.

Quels rôles joue la parenté à plaisanterie ?

La parenté à plaisanterie ne connaît pas de limite dans sa pratique, que représente-t-elle encore pour les burkinabè ? Comment cette pratique dite séculaire commémorée tous les ans par diverses communautés arrive-t-elle à favoriser le vivre ensemble ? Quelle est sa place dans le dialogue social actuel au pays des hommes intègres ?

Dans bons nombres des pays d’Afrique de l’ouest particulièrement au Burkina Faso la parenté à plaisanterie à toujours favoriser la gestion sociale des différentes sources de conflit et des tensions, facteur de réconciliation et cohésion sociale, elle est au service d’une paix qui se veut durable. Par exemple une parenté à plaisanterie peut se moquer d’une personne morte le jour de ses funérailles.

Selon l’histoire de la tête de chien entre les Bissa et les Samo, deux frères raffolaient de viande de chien ; ils aimaient l’un et l’autre manger plus particulièrement la tête de cet animal. Après des discussions âpres, et n’arrivant pas à s’accorder sur qui devait garder cette partie précieuse d’un chien qu’ils avaient abattu, ils en vinrent à se bagarrer, et « se séparèrent ainsi, pour une tête de chien ! » Et depuis, Bissa et Samo, issus de ces deux frères, se rejettent les uns sur les autres la responsabilité de l’éclatement de leur unité familiale initiale. Les autres groupes ethniques ne manquent pas d’ailleurs une occasion de le leur rappeler, pour les tourner en dérision.

La compréhension de cette histoire repose sur la connaissance de la représentation du rôle et de la place du chien dans les sociétés de tradition orale : il n’est pas l’animal choyé et chouchouté, comme c’est le cas sous d’autres cieux. Il garde la maison, il accompagne à la chasse et lorsqu’il devient vieux ou même enragé, on le tue et on le mange. De fait, la banalité de l’histoire et son contenu drôle montrent la futilité des motifs qui, bien souvent, opposent les hommes et les conduisent à des conflits. La forme des relations de plaisanteries dans le cas des Bissa et des Samo est moins violente, car il s’agit de « parenté » à l’origine entre les deux ethnies. Ils ont encore en mémoire le souvenir amer de leur séparation et de leur désunion pour si peu de chose ; bien plus, ils ressentent maintenant cruellement le besoin, mais hélas, peine perdue, de se rassembler à nouveau en une même « famille ». C’est pourquoi, très souvent, les éléments de chacun de ces groupes ethniques, lorsqu’ils se rencontrent, s’appellent du surnom affectueux de « cousins ».

La parenté à plaisanterie permet de pacifier, rendre agréable la journée, faire en sorte que ce qui parait difficile passe sans problème.

La parenté à plaisanterie et enjeux contemporains

Dans un contexte de mondialisation, il paraîtrait important d’envisager la prise en compte de la parenté à plaisanterie dans les programmes d’éducation pour enseigner à la génération future et perpétuer cette pratique ancestrale, facteur de paix et de cohésion sociale en Afrique.

De ce qui est attendu de la parenté à plaisanterie pour le bien être des humains on peut retenir trois aspects essentiels à savoir : un rôle de régulateur de tensions sociales, un facteur d’intégration des populations et un support d’entraide et de solidarité.

La parenté à plaisanterie intervient dans les mécanismes de prévention des conflits à travers : des jeux oraux qui sont dans leurs formes, humoristiques, ainsi que des plaisanteries pour rire, se divertir et se défouler.

Pour les individus des groupes alliés, chaque fois qu’ils se rencontrent, ils font semblant d’entrer en conflit.

Il s’agit aussi de contribuer à atténuer les pressions psychologiques et aurait une vertu thérapeutique au sens ou la plaisanterie devient un jeu qui permet de jouer au fou pour prévenir la vraie folie;

Dans la plaisanterie « L’on instaure de façon ostentatoire la guerre verbale et gestuelle pour ne pas arriver à la vraie guerre, destructive des biens et des personnes. »

Les plaisanteries qu’échangent les alliés contribuent à détendre l’atmosphère, à rétablir la confiance, toutes choses indispensables au dialogue. Pour plusieurs auteurs burkinabè, ces relations sont une stratégie réparatrice de vieux conflits entre communautés.

Le rôle de ces relations étant de panser ces plaies par le biais de la violence de type cathartique. Le mot ‘’esclave’’ est assez souvent utilisé pour désigner l’allié à plaisanterie dans les différentes langues. Une façon de ne plus revenir sur l’esclave réel ?

Chez les mossis du Burkina la plaisanterie embellie la vie. « Sans rakiire, l’existence serait sans attrait » dit-on. Ici on prend plaisir à taquiner et à se faire taquiner si bien que le phénomène se fait omniprésent dans les regroupements de personnes.

On oublie même souvent les prénoms des individus pour les interpeller par leur ethnie d’appartenance ou leur clan d’origine.


Tchad : les lacs d’Ounianga en plein désert, un phénomène naturel remarquable

Le Tchad carrefour de la culture, regorge des richesses minières et naturelles énormes. Placés sous le patrimoine mondial de l’UNESCO, les lacs d’Ounianga en plein désert sont incroyables. Le site comprend 18 lacs interconnectés, situés dans le désert du Sahara, dans la région d’Ennedi. Il s’agit d’un large complexe de lacs (62 808 hectares) dans un environnement hyperaride et d’un paysage naturel exceptionnel qui doit sa beauté à la variété spectaculaire des formes et des couleurs. Dans ce billet, je vais vous présenter l’une des merveilles de mon pays, les lacs d’Ounianga en plein désert.

Ounianga Sérir, lac Elimé, l’un des dix huit lacs interconnectés d’Ounianga au nord du Tchad. Crédit: Emilien Lebourgeois/ Flikr

Histoire

Une végétation envahissante et de l’eau en abondance, le Sahara des milliers d’années auparavant, pendant sa période humide, était bien différent. En ces temps, les fleuves ruisselant en quantité depuis les hautes terres se jetaient dans des creux géologiques, formant ainsi des plans lacustres de différentes tailles et d’énormes réservoirs d’eau sous le sol. Les rivières, les lacs et les savanes formaient un écosystème propice à la vie. Mais avec le changement climatique, le désert s’est installé progressivement. Presque toutes les masses d’eau se sont évaporées, sauf les lacs d’Ounianga

Ounianga regroupe les plus éminents lacs en termes de taille et de profondeur dans le Sahara, au nord du Tchad. Le site occupe une superficie totale de 20 km², depuis Ounianga Serir à l’est, dont le lac principal Teli représente l’équivalent de 600 terrains de football, au grand Ounianga Kebir à l’ouest où se trouve le lac Yoa. En plus d’être le plus profond, ce dernier détient le plus grand volume d’eau parmi tous les lacs du désert.

Ounianga Kebir, lac Yoan, l’un des dix huit lacs interconnectés d’Ounianga qui resiste malgré le changement climatique. Crédit : Emilien Lebourgeois/Flikr

Des lacs connectés…

Sous le sol, de gigantesques réservoirs d’eau souterraine sont reliés aux lacs d’Ounianga, les alimentant pour compenser l’eau perdue par évaporation sous le climat aride du Sahara. À la surface, des roseaux fleurissent abondamment, formant une forêt flottante sur l’eau. Les alizés du nord-est balaient incessamment le paysage, accompagnant le phénomène d’évaporation dans un effet de refroidissement de l’eau dans la zone. L’ensemble de ces facteurs contribue à préserver la fraîcheur des lacs d’Ounianga au sein desquels l’eau affiche une température moyenne de 17 °C.

Ounianga Sérir, lac Elimé, l’un des dix huit lacs interconnectés d’Ounianga au Tchad. Crédit : Emilien Lebourgeois/Flikr

Autour des bassins, des dunes de sable « errantes » poussées par les vents forment un paysage vivant dans le désert depuis des millénaires. Certaines se déversent et disparaissent dans les lacs, tandis que d’autres forment des langues de sable qui, d’année en année, s’incrustent un petit peu plus dans les bassins. À un moment donné, elles finissent par séparer complètement les lacs. C’était le cas du site d’Ounianga Serir qui figurait autrefois comme un lac d’eau douce unique et connecté. 16 bassins de dimensions différentes ont vu le jour après que le sable se soit insinué progressivement dans les eaux. Le lac katam lui aussi est aujourd’hui divisé en deux parties par une langue de sable. Une particularité, l’abondance de spiruline en son sein a fait que son eau soit bleue d’un côté et verte de l’autre.

Ounianga, un réservoir d’eau et de vie

Avec l’expansion du désert et le dessèchement de la savane dans le nord du pays, les lacs d’Ounianga, avec les ruisseaux éphémères et les gueltas du plateau de l’Ennedi , font partie des rares lieux maintenant la vie faunique et végétale dans le Sahara. Le lièvre du Cap, le renard fennec, le chacal, la gazelle dorcas et la hyène tachetée sont quelques-uns des mammifères identifiés dans la région. Des oiseaux aquatiques et nicheurs fréquentent également Ounianga, tel que le pélican blanc, la sarcelle marbrée, la sarcelle du cap ou encore le flamant rose d’une part, la casquette noire Sylva atricapilla, le corbeau pie, le hibou, la tourterelle et le chichaff d’autre part. Le lac Teli héberge une population de poissons qui a évolué dans un écosystème isolé. Vous y trouverez des carpes et des silures, la perche du Nil et la cichlide rouge entre autres.

Ounianga Sérir, lac Elimé et ses verdures, un réservoir d’eau, source de vie pour les populations. Crédit : Emilien Lebourgeois/Flickr

Des souchets à deux épis, des roseaux à balais et des massettes du cap forment d’étroits peuplements autour de la plupart des lacs d’Ounianga. De manière globale, des roseaux flottants tapissent leur surface. D’autres espèces végétales ont été identifiées dans l’ensemble lacustre, comme le phytoplancton, le nénuphar et la rupelle maritime. Sur les rives du lac salin Yoa, la spiruline reconnaissable à sa tente vert clair fait l’objet d’une véritable culture pour sa richesse en protéines. Les dattiers quant à eux ont cédé leur place aux palmiers doum.

Ounianga, un cadeau de Mère Nature

Les lacs d’Ounianga représentent une ressource vitale pour les populations locales. Des fouilles archéologiques attestent d’une présence humaine autour du site à une époque lointaine. Les Toubous sont les principaux habitants de cette partie du Tchad. Bien que leur principal refuge soit le massif du Tibesti, ceux-ci détenaient autrefois le contrôle des routes commerciales du centre-est du Sahara.

Une habitante du lac Yoan d’Ounianga Kebir. Crédit : Emilien Lebourgeois /Flikr

Jusqu’à ce jour, des communautés vivent à la lisière des lacs principaux, comme Ounianga Kebir près du lac Yoan et Ounianga Serir, plus petite, à proximité du lac Teli. En plus de la culture de fruits et légumes, les autochtones pratiquent une pêche de subsistance et l’élevage du bétail (chameaux, ovins et bovins). La collecte de soude et de sel dans le lac Yoa fait également partie des sources traditionnelles de revenus des habitants.

Quelques commerces à Ouanianga Kebir. Crédit : Emilien Lebourgeois / Flikr


Les femmes, symbole de beauté et de puissance en Afrique

« Malheur à celui qui ne fait pas mieux que son père », dixit le Capitaine Thomas Sankara. « Malheur à la celle qui ne fait pas mieux que sa mère », dixit Dorsouma Louis. Rire !!! Plusieurs femmes africaines influencent le monde et font pari coché la fierté de notre cher et beau continent qu’est l’Afrique. J’ai décidé de mettre un accent particulier sur six (6) personnalités féminines dans leurs domaines respectifs (Politique, Société civile, Economie, Droit, Culture et Media) qui selon moi, et en plus d’être belles, ont un impact important en Afrique et dans leur pays d’origine.

Crédit: Louis

Samia Suluhu Hassan, Présidente de la République Tanzanienne

Dans le domaine de la politique, mon regard est porté sur Samia Suluhu Hassan, la Présidente de la république tanzanienne.

Crédit: Lejournaldelafrique.com

Née le 27 janvier 1960 à Zanzibar, au sein d’une famille modeste, père instituteur et mère au foyer, Samia Suluhu Hassan est titulaire d’un master en « Développement économique communautaire » de l’université libre de Tanzanie, à Dar es Salam, et de l’université du Sud du New Hampshire, aux Etats-Unis. Elle débute sa carrière au sein du gouvernement de Zanzibar, où elle travaille entre 1977 et 1987, occupant dans un premier temps des fonctions administratives puis un poste de responsable du développement.

Elle a été plusieurs fois nommée ministre et a occupé aussi le poste de vice-présidente en Tanzanie.

La présidente tanzanienne est considérée comme la « dame de fer » de la politique africaine. «Mama Samia» son surnom, relevant du respect dans la culture tanzanienne a réalisé plus, en moins d’un an de mandat, que des chefs d’Etats en place depuis des décennies. Accueillie en grande pompe partout où elle se déplace, elle a désenclavé la Tanzanie sur la scène internationale. En Tanzanie, la Zanzibarienne a réussi en un temps record à ébranler le «système» hérité du défunt John Magufuli, son prédécesseur. Éloignée de la politique excentrique de ce dernier, elle avance très vite dans tous les domaines, qu’il s’agisse de santé, de diplomatie, d’éducation, d’infrastructure ou d’énergie.

La présidente Samia Suluhu Hassan au cours des 100 premiers jours de son mandat, a fait en sorte que la Tanzanie s’attaque au Covid-19 après des mois d’inaction. Elle s’est engagée à promouvoir également la liberté d’expression.

Dans l’un de ses gestes politiques les plus significatifs, la présidente Suluhu Hassan a nommé des fidèles du parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), et quelques nouveaux visages comme commissaires de district. Parmi les nouvelles personnes nommées, figure d’anciens membres de l’opposition, des radiodiffuseurs et des artistes.

Lire aussi- Tanzanie: le bilan des 100 premiers jours de la présidente Samia Suluhu Hassan

Elle a fait un travail remarquable dans la lutte contre le Covid-19. Sa décision de former un comité chargé de s’attaquer au Covid-19 et sa demande de vaccins auprès de l’installation pour les pays en développement constituait un changement complet par rapport au régime précédent.

Sur le plan international, la présidente Suluhu Hassan a amélioré l’image de la Tanzanie. Elle a choisi un diplomate très respecté, l’ambassadeur Liberata Mulamula, ancien ambassadeur aux États-Unis. C’est le signe qu’elle a choisi un ministre des affaires étrangères qui comprend le monde et les autres partenaires internationaux. 

Ngozi Okonjo-Iweala, Directrice de l’Organisation mondiale du commerce

En économie, j’ai pensé à l’actuel Directrice de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala.

Crédit: Lejournaldelafrique.com

Ngozi Okonjo-Iweala, née le 13 juin 1954, est une femme politique nigériane possédant également la nationalité américaine. Elle est la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Économiste et spécialiste du développement international, elle a plus de trente années d’expérience à son actif. Elle a présidé le conseil d’administration de Gavi-Alliance du Vaccin (2016-2020) et de la Mutuelle panafricaine de gestion des risques (ARC) (2014-2020) et a coprésidé la Commission mondiale sur l’économie et le climat. Elle avait précédemment été conseillère principale chez Lazard (2015-2019) et siégé aux conseils d’administration de la Standard Chartered PLC et de Twitter Inc. Elle a récemment été nommée envoyée spéciale de l’Union africaine pour la COVID-19 et envoyée spéciale de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte contre la pandémie.

Mme Okonjo-Iweala, qui a exercé à deux reprises les fonctions de ministre des Finances du Nigéria (de 2003 à 2006 et de 2011 à 2015), devenant ainsi la première femme à occuper ce poste, a travaillé pendant 25 ans à la Banque mondiale, où elle a accédé au poste de numéro deux en tant que directrice générale.

Elle a figuré en 2015 dans le classement des 50 plus grands leaders du monde de Fortune et a été nommée en 2020 « personnalité africaine de l’année » par le magazine Forbes, qui l’avait auparavant distinguée parmi les 100 femmes les plus puissantes du monde au cours de quatre années consécutives. Mme Okonjo-Iweala est titulaire d’une licence d’économie de l’université Harvard ainsi que d’un doctorat du Massachusetts Institute of Technology.

Aisha Yesufu, militante et avocate nigériane

Dans le domaine du droit, j’ai mis un accent particulier sur la nigériane Aisha Yesufu.

Crédit: Lejournaldelafrique.com

Aisha Yesufu nait de parents Edo et grandit à Kano. Elle éprouve la difficulté d’être une petite fille dans un environnement forment patriarcal. Selon ses paroles: « A l’âge de 11 ans, je n’avais pas d’amies par ce qu’elles étaient toutes mariées, mais je voulais être éduquée et quitter le ghetto. »

La militante nigériane est la première avocate des filles kidnappées par le groupe terroriste Boko Haram. Elle est la co-organisatrice du mouvement « Bring Back Our Girls », avec l’ex première dame américaine Michelle Obama. Aisha Yesufu est également la dirigeante plus connue du mouvement EndSARS au Nigeria.

La campagne Bring Back Our Girls est lancée une semaine après l’enlèvement, avec le message d’un avocat nigérian sur Twitter sous le mot dièse (hashtag) #BringBackOurGirls », qui signifie « rendez-nous nos filles ». L’objectif est de pousser le Nigeria à tout faire pour libérer les lycéennes.

Le message est partagé plus de quatre millions de fois en un mois. Il gagne l’Occident. Des personnalités très diverses vont le relayer, de Kim Kardashian à Michelle Obama, prise en photo à la Maison Blanche avec une feuille blanche sur laquelle est inscrit le message. Le Premier ministre britannique David Cameron le relaie aussi. 

Lire aussi: Expliquer nous Bring Back Our Girls

Aisha Yesuphu est une femme qui n’est pas inconnue au Nigéria. Depuis des années, elle manifeste contre la corruption, pour plus de justice, pour défendre les droits des jeunes filles. Lorsque plus de 200 adolescentes avaient été enlevées par le groupe terroriste Boko Haram en 2014, elle était la première à réclamer leur libération.

Sur ses comptes Twitter et Instagram, elle se présente comme une « activiste n’aimant pas les étiquettes ». Et il y a beaucoup à faire : Aisha Yesufu est souvent vilipendée au Nigeria, par des hommes principalement, comme un dessinateur de presse qui lui reproche de combattre les traditions alors qu’elle est voilée. Ou d’autres qui affirment sur les réseaux sociaux que le Coran interdit aux femmes de manifester, mais autant dire qu’elle se rit des commentaires.

Nathalie Yamb, panafricaniste suisso-camerounaise

J’ai pensé également aux activistes et celle qui va les représenter est la célébrissime camerounaise Nathalie Yamb.

Crédit : Lejournalafrique.com

Nathalie Yamb est une activiste et femme politique jouissant de la double nationalité suisso-camerounaise. Elle est née d’un père camerounais et d’une mère suisse le 22 juillet 1969. Elle a vécu en Suisse jusqu’en 1977, lorsque sa famille et elle quittent la Suisse pour s’installer au Cameroun.

Nathalie Yamb n’a pas la langue dans sa poche. Dirigeante de l’armateur Maersk au Cameroun, puis porte-parole du président ghanéen Jerry Rawlings, numéro 2 du parti Lider en Cote d’Ivoire, avant d’être exclue après avoir critiqué Alassane Ouattara, Nathalie Yamb est un vrai symbole du panafricanisme. Et son blog est l’un des plus suivi par l’opinion internationale.

Elle est une vraie machine de guerre. Radicale, éloquente, impertinente et outrancière. Elle n’est pas du genre à battre le pavé des manifestations, mais tweet comme elle respire, avec une ligne directrice : chasser d’Afrique la France, ses intérêts, ses soldats et ses « laquais » installés dans les présidences du continent.

Lire aussi: Nathalie Yamb, l’influenceuse qui veut chasser la France de l’Afrique

Selon un rapport de l’ONG Free Russia Foundation, Nathalie Yamb a notamment participé à l’une des conférences organisées par l’Afric à Berlin, en janvier 2020, co-organisée avec la Fondation pour la protection des valeurs nationales, une structure également liée à Prigogine et dirigée par le « journaliste » (proche des services de renseignement russes) Alexander Malkevitch. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, elle affiche clairement son soutien à l’armée russe.

Nathalie Yamb utilise très souvent ses réseaux sociaux (Facebook, Twitter) pour exprimer ses mécontentements. Elle totalise près de 400 000 abonnés sur Facebook et 212 564 abonnés sur twitter son réseau préféré.

Angélique Kidjo, artiste béninoise engagée dans la promotion de la culture

Dans le domaine de la culture, elles sont nombreuses a porté haut le flambeau mais quoi de mieux que de choisir la béninoise Angélique Kidjo pour les représenter.

Crédit : Vudaf

Angélique Kidjo est née le 14 juillet 1960, à Ouidah, près de Cotonou. Dès l’âge de six ans, elle s’initie à la musique, la danse et le théâtre. Elle effectuera de nombreuses tournées en Afrique de l’Ouest, en jouant dans la troupe de sa mère. Elle se fait sa culture musicale en écoutant des grandes stars du continent. Elle intègre à l’âge de onze ans, le groupe « Kidjo Brothers Band », fondé par ses frères et s’intéresse donc aux musiques de la diaspora noire : au jazz, au gospel, au rhythm’n’blues, à la soul et à la musique latine.

Angélique Kidjo a fondé en 2006 la Fondation Batonga qui soutient des adolescentes en Afrique francophone pour améliorer leurs moyens de subsistance, tout en leur permettant d’être des agents de changement dans leurs communautés.

Lors d’un entretien à VOA Afrique en 2016, elle avait dit regretter que la parité n’évolue pas plus vite, déplorant que les femmes ne soient pas suffisamment solidaires et que l’on ait « des systèmes en place qui font perdurer le patriarcat et qui permettent aux hommes de rester au pouvoir ».

Elle y mentionne aussi le fait que l’on soit « toujours en train de parler des droits des femmes ; pourquoi est-ce que les droits des femmes doivent être séparés des droits de l’Homme? Ne sommes-nous pas des êtres humains?« , s’est-elle interrogée.

Toujours entre deux avions, elle traverse la vie comme une tornade. Aussi bien sur scène, où la Béninoise continue de porter ses multiples projets avec un punch de tous les diables, que dans le civil, où elle s’engage sans retenue, de la campagne de Barack Obama à l’éducation des Africaines.

En tant qu’ambassadrice de l’Unicef, la diva africaine Angélique Kidjo se bat pour la lutte contre le paludisme qui tue des milliers d’africains en particulier des enfants en Afrique.

Elle a mis en place sa fondation Batonga pour venir en aide aux adolescents en Afrique francophone pour améliorer leurs moyens de subsistances.

Ces combats sont menés par plusieurs autres artistes féminines en Afrique notamment Oumou Sangaré au Mali, Aisha Koné en Côte d’Ivoire etc. mais Angélique Kidjo reste celle qui est très active sur le terrain.

Diara NDiaye, journaliste sénégalaise à RFI

Dans le domaine des médias, j’ai pensé à une sénégalaise qui aujourd’hui présente une très belle émission intitulée « Alors on dit quoi ? » au niveau de la Radio France Internationale (RFI). Il s’agit de la belle à la peau ébène Diara NDiaye.

Crédit: Page Facebook Diara Ndjaye

Diara Ndiaye, née le 5 mai 1989 à Melun en France, est une journaliste franco sénégalaise de radio et télévision. Auparavant journaliste sur Africa24, elle fait partie des équipes de France Télévision où elle présente les éditions du weekend de France3 Normandie depuis 2018. Diara Ndjiaye co-présente également l’émission économique « Réussite » sur Canal+ Afrique. Les auditeurs de Radio France international (RFI) ont également pu l’entendre présenter l’émission « Priorité Santé ». Dorénavant, elle est aux commandes de la nouvelle émission hebdomadaire qui donne la parole à la jeunesse africaine sur tous les sujets d’actualité : « Alors on dit quoi ? » depuis janvier 2019.

Plusieurs africaines font la fierté de l’Afrique sur des chaines continentales et mondiales. Je peux citer entre autre la camerounaise Sophy Aida animatrice sur la chaine Life Tv, l’ivoirienne Konnie Touré, Joëlle Ndong reporter d’origine Gabonaise, Vanessa Adandé présentatrice de l’émission « le chœur des femmes » sur Canal+, la congolaise Dominique Tchimbakala présentatrice du journal de l’Afrique sur TV5 monde, l’ivoirienne Caroline Dasylva de la RTI etc.

Diara Ndiaye a capté mon attention parce qu’elle a plusieurs cordes à son arc. Elle travaille dans plusieurs medias, grande passionnée de la communication et du journalisme, maîtresse de cérémonie mais elle mène également un combat très louable dans le domaine de l’éducation surtout celle des jeunes filles à travers l’association ABCD.

Lire aussi: Diara Ndiaye: « Je suis pleine d’espoir et je ne laisse personne briser mes rêves »

Créée en 2014, L’ABCD pour tous est une association à  but non lucratif qui a pour vocation d’assurer, soutenir et développer la scolarité des enfants au Sénégal, et ce, dans le respect de leur dignité. Une motivation justifiée par le fait que l’éducation, en particulier l’enseignement primaire gratuit pour tous, est un droit fondamental que les gouvernements se sont engagés à  respecter aux termes de la Convention relative aux droits de l’enfant de 1989. Elle mène des campagnes de sensibilisation auprès des enfants eux-mêmes, des familles, des enseignants, des chefs religieux, sur l’importance de l’éducation et en particulier de celle des filles. En faisant adhérer à  ses valeurs tous les acteurs locaux, multiplier les chances d’atteindre les objectifs fixés : faire progresser les taux d’inscription et améliorer les conditions de travail des enfants qui les mèneront à la réussite.


Tchad : Kellou Bital Diguel symbôle de beauté de la femme tchadienne

Kellou Bital Diguel est connue pour avoir été choisie par le premier président du Tchad François Ngarta Tomalmbaye comme symbole de beauté de la femme tchadienne. Cette femme n’a pas forcé la célébrité, c’est venu naturellement. Comme le dit un artiste ivoirien, « On force pas ». Kellou n’a rien forcé. De sa rencontre avec le photographe Robert Carnet en passant par le choix du premier président du Tchad sur sa modeste personne comme symbole de beauté de la femme tchadienne, je vais vous retracer l’histoire de cette belle femme dont l’image figure sur le sceau de l’Etat, les tampons et les documents officiels de la République du Tchad.

NAISSANCE ET VIE

De son vrai nom Akhaye Dahalob, Kellou bital diguel est née vers 1911 à Toukra son village, dans le 9ème arrondissement de Ndjamena. C’est une arabe de la tribu Salamat du clan Am-effan (le même que les habitants d’Amchedire au Cameroun). Issue de la famille régnante de Toukra (fille du chef de village), un village à la sortie sud de Ndjamena, Kellou est la fille unique du chef de village Adoum Dahalob. Dans la tradition arabe choa, l’ethnie dont elle est issue, si une fille naît au milieu des garçons, elle est surnommée Kellou. Kellou Bital Diguel signifie  » Kellou fille de Diguel », en référence au village de son premier époux dont il était le chef (blama), aujourd’hui un grand quartier divisé à N’Djamena.

RENCONTRE AVEC LE PHOTOGRAPHE ROBERT CARNET

Vers 1950, alors qu’elle vendait du lait au village de Chagoua devenu quartier aujourd’hui à Ndjamena, Kellou fait la rencontre du photographe français Robert Carnet qui devient son client puis, au fil du temps, lui demande à elle et à sa cousine et camarade de lui livrer le lait à domicile. Émerveillé par la beauté de la jeune Kellou, et de ses tresses faites à base de poils de moutons et de l’abondance de la chevelure, Carnet commence à photographier chaque fois qu’elle se présente pour lui livrer le lait. L’une des photographies de ce shooting est publiée dans un timbre postal en France et cette même photo est choisie par les autorités de la République naissante du Tchad comme sceau et symbole officiel.

SYMBOLE OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE DU TCHAD

Kellou Bital Diguel est connue pour avoir été choisie par François Tombalbaye, 1er président du Tchad après l’indépendance comme symbolisant la beauté de la femme Tchadienne et devenir à ce titre, le symbole du pays. Depuis 1960, son image figure sur le sceau de l’état et les tampons et documents officiels de la République du Tchad.

HOMMAGE

Considérée comme « icône sacrée de la femme Tchadienne », de nombreux hommages ont été rendus à Kellou, simple commerçante de lait, devenue star et emblème de la République:

En 1998, une série de timbres commémoratifs de 50, 100, 150, 300 et 400frs CFA a été émises par le Tchad en faisant figurer son visage désormais célèbre;

Une statue en bronze de 07 mètres la représentant tenant un globe terrestre dans la main gauche et un livre portant la devise nationale  » Unité-Travail-Progrès » dans la main droite, intitulée: « Madame Africa, réalisée par le sculpteur italien Ignazio Campagna (…) suite haut.