Media : doit-on interdire les perdsiems en Afrique ?

Article : Media : doit-on interdire les perdsiems en Afrique ?
Crédit: Pax Sahel
13 septembre 2022

Media : doit-on interdire les perdsiems en Afrique ?

« Perdiem », ce mot est source de motivation pour certains journalistes. En Afrique francophone, il est communément appelé « Gombo, Tchop ou Communiqué final ». Rire !!! Le perdiem dans le milieu journalistique est considéré comme un mal mais son interdiction divise. Ayant la chance de participer à quelques évènements en tant qu’apprenti journaliste et touché quelques « Gombo », je me pose parfois certaines questions : un bon journaliste doit-il prendre des perdiems ? Est-ce une source de motivation pour certains journalistes ? Pourquoi en Afrique, certains médias vivent-ils des perdiems ?

Crédit photo: Clipse me

« PERDIEM » ? MAIS DE QUOI S’AGIT-IL REELLEMENT ?

Voici quelques éléments de contexte, pour ne plus en perdre votre latin. Petit rappel, le perdiem est une indemnité financière mise en place pour régler les frais de transport dans le cadre de leur activité. Mais comme vous vous en doutez, la réalité a un peu évolué, et on ne parle pas ici de remboursement des notes de trains ou d’avions.

En ce qui concerne les médias, c’est la petite gratification financière que l’organisateur d’un événement ou d’une conférence remet à la fin de la manifestation à tous les journalistes qui sont venus y assister.

PRENDRE OU PAS LE PERDIEM

Cette question a fait l’objet de plusieurs débats mais certains organisateurs continuent à en donner et même s’ils font parfois semblant d’ignorer certains journalistes en demandent. J’ai lu un billet sur le sujet et un journaliste très honnête a répondu exactement à cette question. Selon lui « le débat sur le perdiem est un faux-fuyant réducteur. Un bon journaliste ne doit pas prendre un perdiem, son salaire le protège des tentations susceptibles de l’inféoder à quelqu’un. Si le métier de journalisme est considéré comme profession noble, le journaliste doit être le premier gardien du temple pour empêcher l’assaut des apprentis sorciers ».

En me basant sur cette affirmation et selon mes recherches personnelles sur le salaire des journalistes en Afrique, j’ai compris que c’est parce que le journaliste est mal payé en Afrique qu’il s’intéresse aux perdiems pour joindre les deux bouts.

En effet, le magazine panafricain Jeune Afrique a consacré un article sur le salaire des journalistes en Afrique depuis 2004 mais cette situation n’a pas changé à mon humble avis. Dans cet article, le magazine révèle qu’en Côte d’Ivoire un journaliste gagne (413 euros net par mois), au Cameroun (169 euros) ou au Sénégal (284 euros).

SOURCE DE MOTIVATION OU PAS !

Je me souviens d’un voyage que j’ai effectué à , un département et une commune urbaine de la province de Nahouri, situé dans la région du Centre-sud au Burkina Faso pour couvrir un évènement national. Ce jour-là j’ai fait la connaissance d’un expérimenté journaliste dont je garde l’anonymat. Ce dernier me disait ceci : « Ce n’est pas sûr qu’ils vont nous donner quelque chose hein ! Pourtant j’ai laissé un très bon Gombo à Ouagadougou ». Ce journaliste a effectué le déplacement spécialement pour son « Gombo ».

Pour certains, le perdiem motive car ce jour, c’était un week-end et rare sont des journalistes qui aiment travailler le week-end mais rien que pour le perdiem, beaucoup se sont déplacés.

LES MEDIAS ET LE PERDIEM

Le perdiem est parfois source de fonctionnement pour certains médias. Ces médias, recrutent le plus souvent des stagiaires naïfs qu’ils exploitent et même arrachent parfois les miettes sommes qu’on leur donne dans les évènements. Dommage !

On ne fait pas ce métier pour gagner de l’argent, c’est bien connu ! À moins, bien sûr, de devenir une star incontournable du petit écran. Cependant, les journalistes doivent être bien payés surtout en Afrique pour mieux faire leur travail.

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Commentaires

Michelle
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Doit on refuser le perdiem?
Combien de médias en Afrique renumèrent-ils dignement ses journalistes?
Combien de médias privés au Cameroun, par exemple sont ils subventionnés par l'État ? Autant de questions qu'on peut se poser.

Malheureusement, les conditions de vie précaires des journalistes les poussent à être plus à la quête du perdiem, que de l'information.

Alors s'il faut interdir le perdiem, les employeurs doivent cesser de traîter leurs employés de collaborateurs, et leur donner un salaire digne de leur travail.

J'ai une question pour toi, as- tu pris le perdiem le jour de ta couverture ?

ldorsouma
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La réponse à ta question se trouve dans l'article