Fake news, le nouveau cancer qui gangrène l’Afrique

Article : Fake news, le nouveau cancer qui gangrène l’Afrique
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30 janvier 2023

Fake news, le nouveau cancer qui gangrène l’Afrique

Depuis l’avènement de l’internet en particulier les réseaux sociaux, en Afrique, le traitement de l’information a changé. Encore plus avec les différentes crises socio politiques que traversent certains Etats africains, tout le monde ou presque est devenu “journaliste” à sa manière sur les différentes plateformes sociales (Facebook, Whatsapp, Twitter, Instagram etc.). Ce cancer fait-il déjà des victimes ?

Photo d’un jeune couple utilisant un ordinateur portable ensemble sur le canapé à la maison.
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“Journalisme” sur les réseaux

Avec les réseaux sociaux, les internautes ont la possibilité de produire du tout et n’importe quoi sous plusieurs formats (texte, visuel, audio,vidéo…) et en toute facilité.

Dans cette confusion totale, nous assistons à tous types de fantasmes et de dérapages. Au quotidien, des fakes news (fausses informations) sont créées et diffusées par des amateurs, des professionnels et d’autres organisations très averties. Et cela, toujours dans le but d’influencer les opinions des internautes et d’obtenir un soutien à une cause.

La désinformation en Afrique

En Afrique, la désinformation numérique devient une caractéristique de plus en plus courante du paysage politique. Sur internet, la détérioration de la confiance et de la vérité à ouvert la voie à des nouvelles théories du complot et des contenus fabriqués de toutes pièces dans un environnement informationnel opaque.

Les fakes news empêchent de prendre des décisions éclairées sur des questions qui touchent la vie quotidienne des africains comme par exemple le fait de se faire vacciner, ou de participer aux processus politiques. La désinformation vise en fin de compte à semer la terreur et la confusion pour faire avancer les objectifs politiques de ceux qui diffusent ces fausses informations.

Quelques exemples concrets des conséquences de la désinformation en Afrique

Selon l’enquête du Centre d’études stratégiques de l’Afrique, avant l’élection de janvier 2021 en Ouganda, un réseau de faux comptes opérant sur des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et Twitter a diffusé une campagne de désinformation coordonnée en faveur du parti au pouvoir. Certains de ces comptes étaient directement gérés par le gouvernement ougandais par le biais du Government Citizen Interaction Center (Centre d’interaction entre le gouvernement et les citoyens ou GCIC) du ministère des technologies de l’information et des communications et de l’orientation nationale. Le DFRLab a identifié au moins cinq profils d’utilisateurs associés au GCIC qui ont été supprimés lors du démantèlement du réseau par Facebook le 8 janvier 2021.

Plusieurs faux comptes ont également été reliés à un porte-parole du fils du président Museveni, Muhoozi Kainerugaba, lieutenant général de l’armée ougandaise (et commandant des forces terrestres de la Force de défense populaire de l’Ouganda). D’autres comptes opérant au sein du réseau de désinformation ougandais étaient liés à des groupes se présentant comme des sociétés de relations publiques ou des organes de presse.

En République démocratique du Congo (RDC), nous avons fini par remonter la piste d’un réseau de faux comptes sur les médias sociaux que nous avions découvert lors de notre enquête sur la désinformation sur la COVID, jusqu’à un groupe de jeunes de l’Université de Kinshasa. Le contenu de ce réseau avait gagné des adeptes en ligne et a été par la suite et de manière trompeuse tagué pour promouvoir un politicien congolais nommé Honoré Mvula et son organisation politique, la Force des Patriotes. Honoré Mvula avait des liens avec les jeunes cachés derrière les comptes, que nous avons pu documenter par des photographies les montrant ensemble lors d’événements à Kinshasa.

A lire : Hausse de la désinformation intérieure en Afrique

Le drapeau du Burkina Faso épinglé sur la carte. Orientation horizontale. Macrophotographie.
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Au Burkina Faso où je vis, depuis le début de la série MPSR saison 1 et saison 2, les fakes news ont atteint un autre niveau. Ils sont devenus de véritables dangers pour la république. Un danger pour la cohésion sociale, la paix, la gouvernance, la démocratie et les droits de l’homme.

Dans un contexte de renaissance patriotique et de sentiment anti politique français nous assistons à du tout. Des informations sont créées et diffusées sans aucune preuve, sous le coup de l’émotion, de façon partisane et avec un sentiment de haine. Fait étonnant, des milliers de personnes, « même ceux qui sont allés loin à l’école » tombent dans ces pièges et partagent ces informations de manière systématique et souvent irréfléchie. Ils désirent être des auteurs de scoop.

En outre, ces derniers utilisent avec une grande conviction des éléments (capture d’écran, photo, audio, vidéo…) sans sources « crédibles et professionnelles » comme preuves lors des débats dans des hauts lieux (politique, association…) et dans d’autres lieux ordinaires (famille, bureaux, grin de thé…) comme insolites (lieux de cultes, maquis…). Ce cancer fait déjà des victimes, il est très important d’en prendre conscience et de sensibiliser nos proches

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